Le respect de l'orthographe grammaticale en contexte de production écrite est bien souvent problématique chez plusieurs élèves. La maîtrise des règles de grammaire, telle que l'accord en genre et en nombre ou la conjugaison, est une condition essentielle pour savoir bien écrire. Cependant, de nombreux élèves ont de bonnes connaissances grammaticales, mais ils rencontrent tout de même des difficultés lorsqu'ils doivent transférer celles-ci lors de l'écriture d'un texte.
Qu'est-ce qui pourrait être à l'origine de cette situation ?
Cela peut être causé par diverses raisons. Selon Fayol, les erreurs morphosyntaxiques chez les élèves sont principalement attribuables à une difficulté attentionnelle. Cela signifie que les erreurs grammaticales des apprenants ne sont pas nécessairement liées à une insuffisance de connaissances orthographiques. Concrètement, chaque étape, qu'il s'agisse de l'évocation d'idées, de la formulation de phrases, de la diffusion du message ou de la correction, mobilise une part importante de l’attention de l’élève. La gestion simultanée de ces multiples processus peut entraîner une surcharge cognitive, rendant l'application automatique des règles de grammaire plus complexe que lors d'exercices ciblés et isolés. Cette théorie s'appuie sur l'observation que même des adultes ayant une excellente maîtrise du français peuvent laisser des erreurs lorsqu'ils sont sous pression ou distraits. Cela montre que la gestion de l’attention est cruciale pour éviter les erreurs, indépendamment du niveau de compétence en grammaire. Nous pourrions également réfléchir à notre vie personnelle et à l'impact du contexte d'écriture sur la qualité de notre expression. Par exemple, au travail, nous adoptons généralement une approche plus formelle et rigoureuse, tandis que dans nos échanges avec des amis, notre ton est plus décontracté et les erreurs sont plus fréquentes, même si notre compétence en français demeure la même.
De plus, il ne faut pas négliger les particularités de la langue française qui peut être complexe en raison de phénomènes tels que la redondance et l'opacité.
La redondance implique l'utilisation de plusieurs éléments pour indiquer la même information, comme le genre (masculin ou féminin) et le nombre (singulier ou pluriel). Par exemple, dans la phrase : « Les petits chiens blancs courent. », le pluriel est marqué sur tous les mots.
L'opacité désigne le fait que certaines marques de genre et de nombre ne se prononcent pas et sont visibles uniquement à l'écrit. Par exemple, dans la phrase : « Les petits chiens blancs courent. », seul le mot « les » indique le pluriel à l'oral, les autres marques étant inaudibles. Cela complique l'application des règles grammaticales, car les élèves doivent se rappeler des accords même s'ils ne sont pas évidents à l'oral.
Des pistes d'intervention pour aider au respect de l'orthographe grammaticale
Bien évidement, il est crucial de viser l'acquisition et l'automatisation des règles grammaticales pour alléger la charge cognitive. Cependant, en prenant en compte l'impact de l'attention sur la performance en orthographe grammaticale, il est également important d'aider les élèves à identifier les situations où ils sont plus susceptibles de commettre des erreurs et à développer des stratégies métacognitives. Nous pouvons également encourager les jeunes scripteurs à segmenter les étapes de correction afin de mieux orienter leur attention. Par exemple, en révisant une phrase avec un objectif précis en tête, comme l'accord du groupe du nom.
Enfin, sachez que si vous avez besoin d'un coup de pouce ou que vous avez des inquiétudes quant aux apprentissages de votre enfant, il est judicieux de prendre rendez-vous avec une professionnelle qui pourrait vous accompagner et répondre à vos questions.
Article rédigé par Frédérique Cliche, orthopédagogue et directrice des opérations de la clinique ORpair
Sources :
Fayol M., Canopé Innovation. (2015), L’orthographe, le sms et l’école Michel Fayol [Vidéo]. YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=VCM9biCD5zY
Josianne Parent, 2021. Formation Les processus spécifiques et non-spécifiques en écriture.
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